Sur la côte basque, le russe est souvent perçu comme l’oncle américain. Le mythe du type qui va acheter une maison trois fois son prix sans sourciller, a encore la peau dure. Pourtant la présence russe à Biarritz ne date pas d’hier et remonte à la fin du 19ème siècle. Suis-moi, on va se promener sur les traces de ces réfugiés dorés.

Photos: Yannick Revel
C’est à l’occasion d’une visite guidée par Natacha Degauque Belousova que je découvrais ce passé glorieux. A partir de 1880, les choses se corsent pour l’aristocratie russe. Avec la guerre de Crimée, entre les bolcheviques, les allemands et les français, la situation devient instable et certains nobles cherchent refuge à l’ouest. La cité basque devient alors une destination prisée et l’une des premières familles à s’y installer est celle du prince D’Oldenbourg, membre de la dynastie royale Romanov. Venant à Biarritz avec sa cour de cinquante personnes, il invite ses concitoyens qui, tour à tour, prennent leurs habitudes sur la côte. Leur nombre se multiplie après la révolution d’octobre 1917.
Pour démarrer cette promenade, situons-nous entre la place Clémenceau et la Grande Plage. Dans la rue Gardères, la villa Larralde était la propriété de Coco Chanel qui tombe amoureuse du désargenté Grand-Duc Dimitri Pavlovitch. Ce dernier finira par se marier avec une autre riche femme, américaine celle-ci, toujours à Biarritz.
Direction la plage du Miramar pour accéder au quartier impérial. Sur ces anciens domaines dépendants du palais sont érigées plusieurs demeures chargées d’histoire russe. Parmi celles-ci, la Villa des Vagues où séjournait régulièrement Dagmar. Princesse du Danemark, elle épousa le Tsar Alexandre III et enfanta son successeur Nicolas II. Un peu plus loin, rue de la frégate, le chalet des rochers était loué chaque été par le compositeur Igor Stravinsky.
Dans le quartier Saint-Charles, la construction de la synagogue est due à la présence russe. Ils représentaient 10% de la population en 1900, dont trois cents de confession israélite. Bâtie en 1904, l’édifice religieux doit sa présence à la famille Poliakov dont l’un des frères fût donateur pour ce chantier. A quelques mètres de là, l’église orthodoxe existait déjà. Inaugurée en 1892, elle a sacré de nombreux mariages prestigieux tels que celui du Grand-Duc Dimitri Pavlovitch en 1926.
En remontant vers la place Clémenceau, on aperçoit la sculpture de Manolo Valdes sur la place Anton Tchekhov. Face à ce visage, il y avait autrefois l’hôtel de luxe Victoria, dans lequel l’écrivain russe avait ses habitudes. Quelques mètres plus haut, à la place de l’immeuble qui abrite la boutique Natacha, l’hôtel François portait le nom de son propriétaire. Vu la nationalité de sa clientèle, il fût rebaptisé Hôtel de Russie.
A l’hôtel du Palais, dans l’ancien hôtel Miramar, ou dans la villa Beltza, cette population donnait des fêtes démesurées en reconstituant ici un bout de leur vie perdue. C’est à cette communauté que nous devons aussi le passage de Pablo Picasso à Biarritz. Marié à la danseuse russe Olga Khokhlova, il convole en voyage de noces près de la grande plage où il peint Les Baigneuses.
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