Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins, c’est l’événement de l’été à Bordeaux. Celui que l’on ne peut pas rater si l’on passe dans cette ville avant la fin de l’année. Quand l’un des maitres de l’histoire de l’art est brillamment mis en scène dans un espace atypique, cela produit des étincelles et grave dans l’esprit un moment inoubliable.

Pour admirer ce Gustav Klimt, version 21ème siècle, il faut se diriger vers la zone des Bassins à Flots. C’est ici, dans une ancienne base sous-marine de la 2nde guerre mondiale, que la magie opère. L’arrivée devant le bâtiment laisse perplexe. C’est pourtant dans cet immense bloc de béton sans charme que l’on pénétrera dans un trou noir, aspiré par un courant de délicatesse et de romantisme.

Les premiers pas sont hésitants. Une fois la grande porte métallique dépassée, on avance à pas timorés dans un espace obscur. Peu rassuré, le cerveau cherche des repères, tâtonne et balance entre les premiers émerveillements et l’acclimatation à l’environnement. Les volumes sont extraordinaires, et on se sent tout petit dans cet espace. On regarde à droite, à gauche, devant derrière, il y en a partout. Car la création graphique conçue par un trio italien (Gianfranco Ianuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi) est projetée simultanément sur les divers espaces de la base sous-marine. Au fur et à mesure de la découverte, la magie opère.

Les couleurs illuminent les parois, les plans d’eau et la rétine des visiteurs. L’esprit voyage à la belle époque viennoise (fin 19ème- débute 20ème), emporté par le visuel et par le son. Car la création du trio transalpin est sublimée par une musique emportant le spectateur dans une autre dimension. En résumé, on en prend plein les yeux et plein les oreilles.

Debout, accoudé sur la main courante, en marchant, assis sur les gradins ou couché dans un pouf, l’expérience se vit dans toutes les positions pour apprécier un peu plus, un instant hors du temps. Pour revenir au 21ème siècle, on pénètre dans Le Cube, un espace de la base sous marine, dédié à la création contemporaine. Deux salles, deux ambiances, on passe de la délicatesse viennoise à la gravité d’une oeuvre dénonçant le dérèglement climatique.
Sortie du cube, on se replonge dans l’univers doré du grand Gustav. Histoire de prolonger encore quelques instants ce moment magique. De rester un peu plus dans une faille spatio temporelle, dans laquelle il est si bon d’être aspiré.

Gustav Klimt, d’or et de lumière
Jusqu’au 3 janvier 2021
http://www.bassins-lumières.com
Entrée: 13,50€ (plein tarif), inclus dans le City Pass